Pour une transition énergétique structurante
Le Québec peut se positionner comme leader dans la lutte contre les changements climatiques.
Cet appel de l'AQPER est appuyé par Josée Méthot, pdg, Association minière du Québec (AMQ) ; André Tremblay, pdg, Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ) ; Richard Lehoux, président, Fédération québécoise des municipalités (FQM) ; Marc Gilbert, président, Association des producteurs de copeaux du Québec (APCQ) ; Caroline St-Hilaire, maire de Longueuil ; Daniel Côté, maire de Gaspé ; Frédéric Côté, président de la Chambre de commerce de Gaspé ; Michel Trépanier, président, Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International).
Le Québec est actuellement confronté à une série de défis : ralentissement économique, balance commerciale négative, réduction de la marge de manœuvre gouvernementale, dévitalisation de certaines régions et événements climatiques extrêmes.
La solution magique n’existe pas, mais certaines orientations gouvernementales pourraient changer la donne, à commencer par la politique énergétique à venir.
Omniprésente dans nos vies, l’énergie est un déterminant du niveau de bien-être à l’échelle planétaire. L’accès à des sources d’énergies vertes l’est encore plus quand on entre dans l’équation la qualité de l’air et son impact sur la santé des populations.
À ce jour, seulement 44 % de l’énergie que nous consommons est de sources renouvelables. Compte tenu de notre immense potentiel, le Québec peut toutefois faire beaucoup plus par le biais de politiques structurantes.
Le nouvel objectif gouvernemental de réduction des gaz à effet de serre (GES), visant une réduction de 37,5 % par rapport à 1990 et la prochaine politique énergétique sont des moyens par lesquels le Québec pourra moderniser et diversifier son économie. Ils permettront également le déploiement des technologies vertes et des énergies renouvelables dans une perspective de décarbonisation de l’économie.
Adéquatement accompagné dans cette transition, le secteur forestier pourra consolider son secteur du sciage et de la transformation par la production de biocombustibles (gaz naturel renouvelable ou biodiesel). Imaginez l’impact qu’aurait une telle mesure si les camions et équipements de ce secteur étaient alimentés avec un carburant vert produit localement ! Les technologies permettant une telle transformation sont aujourd’hui disponibles et commencent à être déployées chez certains de nos partenaires commerciaux. Avec son marché du carbone, le Québec ne peut passer à côté d’une telle occasion.
Le secteur minier n’est pas en reste, car pour produire les batteries et autres équipements nécessaires au succès de l’électrification des transports, le Québec aura besoin de métaux, de terres rares et de graphite. Notre sous-sol en contient de grandes quantités et c’est tant mieux. Afin de minimiser la quantité de carbone produit par leur extraction et leur valorisation, il sera essentiel de s’assurer que les infrastructures minières et de transformation aient accès à de l’énergie renouvelable ou faible en émissions de GES. Des innovations dans les modèles d’affaires permettraient de remplacer les génératrices diesel des communautés isolées en même temps que celles d’installations minières. Osons !
La fermetures des centrales nucléaires Vermont Yankee et Pilgrim (MA) ainsi que la réfection de celles de l’Ontario offrent au Québec des marchés de prédilection pour valoriser à court, moyen et long terme l’énergie et la puissance électrique qu’il a de disponibles. Un récent article du Boston Globe souligne l’avantage structurant d’une entente avec le Québec : donner accès à la production des centrales hydroélectriques avec réservoir et aux parcs éoliens du Québec tout en facilitant l’intégration des sources locales d’énergie verte et en réduisant les coûts aux consommateurs. Tout le monde y gagne !
Le Québec pourrait, d’ici 2030, réduire de 30 % sa dépendance aux produits pétroliers importés en augmentant de 8 % l’apport des énergies renouvelables. L’atteinte des cibles dépendra directement de la réglementation adoptée, de la place qui sera faite aux énergies renouvelables dans la nouvelle politique, de l’ampleur des ambitions en substitution énergétique et des incitatifs ou des programmes mis en place pour y parvenir.
La réalisation d’un tel plan permettrait, dans le seul secteur des énergies renouvelables, la réalisation d’investissements de 30 milliards par les secteurs privés et publics sur 15 ans de même que la création de dizaines de milliers d’emplois dans toutes les régions du Québec. Il placerait également les municipalités au cœur de l’atteinte des cibles par des projets d’électrification des transports, d’aménagements urbains et de valorisation des matières résiduelles.
Grâce à ses ressources et à ses sources d’énergie renouvelable diversifiée, le Québec est bien outillé pour se positionner comme un leader dans la lutte contre les changements climatiques. Avec la venue de la nouvelle politique énergétique, tout peut être mis en place pour transformer et moderniser son économie pour la rendre plus prospère, plus durable.