Loin d'être la fin pour l'éolien
Le premier défi sera la consolidation d’une industrie manufacturière éolienne performante
par Jean-François Nolet et Frédéric Côté et Jean-François Samray
Vice-président de l'Association canadienne de l'électricité éolienne ; directeur général du TechnoCentre éolien ; président-directeur général de l'Association québécoise de production d'énergie renouvelable
Le portrait de la situation de l’industrie éolienne en Gaspésie présenté récemment semble juste à bien des égards, mais sa conclusion, elle, est beaucoup trop hâtive. Ce n’est pas la fin pour l’éolien au Québec, loin de là. Des défis se dressent à court terme devant l’industrie, certes, mais il existe de très bonnes raisons pour les aborder avec optimisme.
L’industrie éolienne doit faire la fierté des Gaspésiens et de l’ensemble des Québécois. Le Québec a pris une longueur d’avance en Amérique en créant une industrie pour cette source d’énergie qui est, à l’heure actuelle, le mode de production d’électricité le plus mis en service au Canada, aux États-Unis et en Europe.
Fini les jours où l’on parlait d’une énergie alternative et coûteuse – des parcs éoliens sont maintenant construits partout dans le monde en raison de leur fiabilité, de leur faible coût et, bien entendu, de leur empreinte environnementale exemplaire. Passer sous silence ce fait tient tout simplement de l’aveuglement, volontaire ou non.
C’est donc tout un avantage sur lequel compte le Québec que d’avoir déjà en place une chaîne manufacturière et d’expertise en éolien – certainement la plus développée au Canada et dans l’est de l’Amérique du Nord. Cela représente aujourd’hui 5000 emplois dans la province, dont un nombre équivalent à Montréal et en Gaspésie.
À l’heure où la grande majorité des juridictions d’Amérique du Nord cherchent à améliorer leur bilan environnemental lié à la production d’électricité, le Québec peut tirer son épingle du jeu en offrant son expertise, ses capacités manufacturières et son électricité. Cela ne pourra qu’être positif pour l’économie québécoise. Mais pour ce faire, chacun des maillons de la chaîne en éolien au Québec devra rester fort.
De réels besoins
Affirmer comme certains qu’il n’y a pas de marché pour une électricité renouvelable et abordable, c’est passer outre le contexte nord-américain, sans parler des occasions d’électrification qui s’ouvrent au Québec. Toutes les tendances pointent vers l’accroissement des besoins en énergie renouvelable.
C’est donc avec optimisme que l’industrie éolienne aborde les prochaines années. Nous sommes à la croisée des chemins, le paradigme change.
La question n’est plus de savoir où sera octroyé le prochain projet, mais comment faire en sorte de maximiser les retombées sur l’économie québécoise de la transformation de notre réseau d’électricité et de ceux de nos voisins pour les rendre plus verts et plus performants.
L’éolien est appelé à jouer un rôle majeur dans cette transformation alors que ses performances et ses prix continuent de s’améliorer. Et pour ce faire, il sera un partenaire d’Hydro-Québec, des autres sources d’énergie renouvelable et, éventuellement, des occasions de stockage d’énergie.
Alors que la Politique énergétique 2030 du gouvernement du Québec appelle à une augmentation de 25 % de la production totale d’énergie renouvelable au Québec, sa mise en œuvre devra être une occasion de création de développement économique. Son premier défi, lui, sera la consolidation d’une industrie manufacturière éolienne performante. Mais il demeure que, pour l’ensemble de l’industrie éolienne, tant gaspésienne que québécoise, non, ce n’est pas la fin. C’est le début d’une nécessaire transition.