L’hydroélectricité du Québec intéresse-t-elle toujours les États-Unis?
Energeek
Yoann Gibert
18 novembre 2013 - Deval Patrick, gouverneur du Massachusetts depuis 2007, a déclaré que son Etat était intéressé par l’hydroélectricité produite au Québec mais que le manque d’infrastructure, et le défi que représentait leurs constructions, rendait son acheminement complexe.
L’hydroélectricité ne représente qu’une petite partie du mix électrique de cet état du nord-est des États-Unis (5,7%), loin derrière les énergies fossiles et le nucléaire, qui représentent plus de 70% de la production. Toutefois, à l’instar du Vermont, le Massachusetts n’écarte pas la possibilité de signer un accord d’approvisionnement d’électricité en provenance de la Belle Province canadienne. Mais pour cela, il faudrait investir dans des infrastructures de transport : des investissements qui deviennent de plus en plus hasardeux et discutés.
Se procurer l’électricité à sa source
C’est en marge d’une allocution prononcée devant la Conseil des Relations Internationales de Montréal que le gouverneur du Massachusetts a déclaré que l’importation de l’hydroélectricité d’Hydro-Québec permettrait de diversifier le mix électrique de son état. Et ce malgré que l’hydroélectricité ne ne soit par considérée comme « renouvelable » par le Congrès américain.
Levier économique depuis plus de 50 ans, l’électricité québécoise alimente de nombreux Etats du nord des États-Unis (New-York, Vermont, New Hampshire, Connecticut…). Mais le réseau de transport électrique a désormais atteint ses limites et fonctionne au maximum de sa capacité. Afin d’augmenter les volumes d’exportation, de nouvelles infrastructures sont envisagées mais leur mise en place est devenue compliquée.
« Nous avons besoin de plus de lignes de transport et ce n’est pas facile de mettre le tout sur pied aux États-Unis » a reconnu M. Patrick.
Des investissements risqués?
C’est par exemple le cas du Northern Pass, une ligne haute tension de 1.200 MW qui permettrait d’acheminer de l’électricité sur plus de 300 kilomètres, du Québec au New Hampshire. Toutefois, sa construction est paralysée en raison d’un tracé qui emprunte, le temps d’une vingtaine de kilomètres, la zone protégée de la White Mountain National Forest.
De plus, la tragédie de Lac-Mégantic (le déraillement et l’explosion d’un convoi pétrolier de la compagnie MMA au Québec) a soulevé la question, plus globale, du transport des matières dangereuses. Certains gouverneurs américains, comme Paul Lepage du Maine, n’ont pas hésité à se positionner en faveur des oléoducs, jugés plus sûr que les convois ferroviaires.
Enfin, l’explosion du gaz de schiste sur le marché américain a quelque peu déséquilibré le marché de l’énergie. Source d’énergie disponible en grande quantité aux États-Unis et qui remplace désormais le charbon, le gaz de schiste occupe une place de plus en plus privilégié dans la production d’électricité des Etats américains. Forçant même Hydro-Québec à revoir le tarif de son hydroélectricité à la baisse pour rester compétitif.
Le réseau de transport d’Hydro-Québec, qui comprend 516 postes et 33.911 kilomètres de lignes est un des plus vaste en Amérique du Nord. Ces dernières années Hydro-Québec a cependant eu tendance à délaisser le marché des États-Unis pour se tourner vers d’autres marchés (internationaux mais également les provinces canadiennes voisines).
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