Gaspésie : Québec se donne cinq ans pour remettre l’économie gaspésienne sur ses rails
Alain Lavoie / Agence QMI
9 mai 2013 – La région de la Gaspésie et des Îles et le gouvernement du Québec se donnent les cinq prochaines années pour restructurer l’économie de la région, dont le taux de chômage dépasse les 18 % ce mois-ci.
Pauline Marois, première ministre du Québec, était à Bonaventure jeudi après-midi pour annoncer les tenants et aboutissants de la Stratégie d’intervention gouvernementale pour le développement de la Gaspésie et des Îles de la Madeleine.
«La région a besoin d’un nouvel élan pour se propulser sur la voie de la prospérité et de la création d’emplois, a dit Pauline Marois en ajoutant que des efforts particuliers seront déployés dans des secteurs dévitalisés comme la Haute-Gaspésie et Murdochville. Cette stratégie est issue d’un exercice qui a été mené avec les acteurs socio-économiques de la région.»
L’éolien
Ceux et celles qui pensaient voir des initiatives nouvelles dans cette stratégie seront déçus puisqu’elle s’attarde avant tout aux défis relatifs à la main-d’œuvre. «S’il est impossible de briser la saisonnalité de certains secteurs, le gouvernement doit appuyer la région afin d’en atténuer l’ampleur. Il est donc essentiel de développer l’industrie éolienne et les technologies de l’information et des communications», a précisé la première ministre.
Le plan de développement touchera à tout, sur tous les fronts, tant sur les secteurs traditionnels de l’économie de la région que sur les secteurs innovants.
Les secteurs prioritaires d’intervention seront l’industrie éolienne et les énergies renouvelables, l’industrie forestière et son aménagement, le tourisme, les pêches et l’aquaculture, l’agroalimentaire, les mines, le pétrole et le gaz, les TIC et les centres téléphoniques.
Malgré les études qui fourmillent dans cette stratégie, la première ministre a tout de même annoncé que son gouvernement investira 70 millions $ pour consolider le chemin de fer. Une somme de 13,5 millions $ ira également à des études en vue de l'agrandissement des aéroports de Pabos et de Sainte-Anne-des-Monts. Le projet de train touristique entre Percé et Gaspé bénéficiera d’une somme de 7 millions $.
Mais c’est le secteur éolien qui a retenu l’attention avec l’annonce par Mme Marois de la relocalisation à Murdochville du projet d’EDF Énergie nouvelle, du mont Rothery à Clermont (dans son comté). C’est un projet de 74 MW de 175 millions $ pour des retombées de 185 000 $ par année pour les MRC de la Côte-de-Gaspé et Haute-Gaspésie. Les travaux, qui créeront 150 emplois, devraient se mettre en branle au cours de l’automne prochain.
Des études
De nombreux projets, chantiers et idées à explorer sont prévus dans le cadre de la Stratégie. Une bonne partie de ces projets et surtout de ces études, sont des dossiers qui datent de plusieurs années, comme étudier la possibilité d’augmenter la capacité du réseau de transport d’électricité et analyser la possibilité de remplacer la centrale thermique aux îles de la Madeleine.
Madame Marois a aussi insisté sur la création de la Banque de développement économique du Québec qui se fera en étroite collaboration avec les Centres locaux de développement du Québec (CLD), présents dans toutes les régions.
La Stratégie prévoit également la mise en place du Fonds d’aide à l’initiative régionale (FAIR), spécifique à la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, qui est doté d’une enveloppe de 6 millions $ pour l’année 2013-2014. Le FAIR a pour objectif de soutenir les projets de développement économique et touristique de la région, afin de favoriser la création d’emplois et de richesse.
Un second plan
Le premier plan de relance pour la Gaspésie a pris naissance en 1999-2003 sous le gouvernement du premier ministre Bernard Landry. La Stratégie 2013 est la seconde en l’espace d’une douzaine d’années à être appliquée à la Gaspésie à la suite des fermetures dramatiques de la mine de Murdochville et de la Gaspésia, à Chandler.
Ce premier plan de relance se fondait surtout sur la relance de la Gaspésia, ce qui par la suite s’est avéré un désastreux gouffre financier. Selon Pauline Marois, les conclusions de ce premier plan de relance sont exceptionnelles : plusieurs centaines d’emplois créés dans des centres d’appel du gouvernement ou encore de l’entreprise privée, l’injection de 65 millions $ dans le monde touristique au cours de cette période, l’éolien et la mariculture, deux dossiers importants aujourd’hui, ont connu leurs balbutiements au cours de cette période.
Ce plan de relance a contribué, selon le gouvernement, à générer des investissements publics de 142 millions $, des retombées directes dépassant le milliard $, la création de 4 000 emplois, une croissance de 35 %, une chute de 18 % du nombre de prestataires de l’aide sociale et le recul du taux de chômage à moins de 20 %, ce qui est une première en 10 ans.
Cet élan socio-économique a été freiné après 2005 par la fermeture de la cartonnerie Smurfit Stone, à New Richmond, la crise forestière et une série de problèmes dans le monde des pêcheries.
14 millions $ pour le CSSS de La-Côte-de-Gaspé
Pauline Marois a annoncé à Gaspé, jeudi après-midi, que le gouvernement du Québec autorise le projet de modernisation de l'urgence, du bloc opératoire et de l'unité de soins intensifs du CSSS de La Côte-de-Gaspé, une opération de 14 millions $.
La première ministre du Québec était accompagnée du député de Gaspé, ministre délégué aux Régions et ministre responsable de la région de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Gaétan Lelièvre, du député de Bonaventure, Sylvain Roy et du maire de Gaspé, François Roussy.
Elle a confirmé qu’un peu plus de 14 millions $ ont été provisionnés au Plan québécois des infrastructures (PQI) pour la réalisation de ce projet, qui sera ainsi entièrement financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux.
«La Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine est une priorité pour notre gouvernement, tout comme nous l'avons démontré [jeudi] matin en dévoilant le plan stratégique pour la région», a lancé Mme Marois.
«En voici un autre exemple concret. Ce projet vient répondre à des besoins criants», a ajouté la première ministre.
Le projet consiste plus précisément en la modernisation d'une unité d'urgence de six salles de consultation et de six civières, dont une civière de choc, et d'une unité de soins intensifs à proximité de l'urgence.
Il prévoit également la construction d'un bloc opératoire qui comptera deux salles d'opération modernes, ainsi que d'une unité d'intervention hors bloc. Finalement, 15 civières seront destinées à la médecine de jour et aux chirurgies d'un jour, et les espaces de retraitement des dispositifs médicaux seront aussi actualisés.
«Je me réjouis grandement de l'annonce [jeudi], tant pour son rayonnement social qu'économique, a pour sa part ajouté le ministre Gaétan Lelièvre. Les gens de la région auront ainsi accès à des soins et des services de santé mieux organisés et, par conséquent, plus efficaces et plus accessibles.»
Mme Marois demeurera en Gaspésie, vendredi. Deux annonces sont prévues à Gaspé en matinée et une autre, en après-midi, sera dévoilée à Matane.
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