Richelieu Agricole (St-Jean, Qc)
L'industrie éolienne n'est pas aussi incompatible avec l'agriculture que le croient ses détracteurs. Voilà le constat que font Équiterre, la Fondation David-Suzuki et le Conseil régional de l'environnement de la Montérégie dans le mémoire qu'ils ont déposé au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement à propos du projet de parc éolien à Saint-Valentin. Le Canada Français a rejoint Steven Guilbeault, cofondateur et coordonnateur général adjoint d'Équiterre, afin qu'il précise les propos des organismes dont il s'est fait le porte-parole, la semaine dernière, à Saint-Paul-de-l'Île-aux-Noix.
D'entrée de jeu, Steven Guilbeault dit qu'il faut être réaliste. Il n'y a pas de façon parfaite de produire de l'énergie. L'hydroélectricité en est un bon exemple. Les grands barrages hydroélectriques de la Côte-Nord et de la baie James ont aussi bouleversé l'habitat faunique et le mode de vie des riverains comme les Première Nations. La filière éolienne est celle qui a le moins d'impacts sur les populations et l'environnement, rappelle M. Guilbeault. « Le projet éolien de Saint-Valentin va laisser une empreinte de neuf hectares sur les terres agricoles, contrairement à 600 pour le prolongement de l'autoroute 30, et elles n'ont rien à voir avec l'étalement urbain. Ce sont des pertes marginales comparativement à d'autres secteurs de l'activité humaine, » dit-il.
Le territoire agricole constitue l'un des plus gros dossiers chez Équiterre, rappelle Le coordonnateur d'Équiterre. L'organisme qu'il a cofondé dépose aussi régulièrement des mémoires devant le BAPE. Il l'a fait par rapport au développement du gaz de schiste, de projets autoroutiers ainsi que pour les parcs éoliens de Saint-Rémi et du Massif du Sud.
Qu'en est-il de l'acceptabilité sociale, revendiqué chez plusieurs opposants au parc éolien de Saint-Valentin? Selon Steven Guilbeault, cette notion ne doit pas se baser uniquement sur les citoyens qui se sont présentés aux différentes étapes du BAPE. Dans son mémoire, Équiterre fait état d'une enquête réalisée par la firme Senergis en 2008 auprès de citoyens vivant près des parcs éoliens du Québec, c'est-à-dire principalement en Gaspésie. Le sondage rapporte que 83 % des gens étaient favorables aux éoliennes lorsqu'il a été question d'un parc éolien près de chez eux. Parmi ces mêmes personnes, 4 % d'entre elles sont devenues défavorables aux éoliennes, tandis que 7 % des gens qui s'y opposaient ont changé leur fusil d'épaule.
Syndrome éolien démenti
À l'instar d'Équiterre, l'Association canadienne des médecins pour l'environnement (ACME) ne s'inquiète pas du bruit causé par les éoliennes. Elle se préoccupe encore moins du syndrome éolien et des ombres mouvantes. L'Association conteste l'ouvrage Wind Turbine Syndrome de la Dre Nina Pierpont, laquelle est venue expliquer devant le BAPE les conséquences des éoliennes sur la population. « La problématique que nous voyons avec l'approche de Pierpont est qu'il n'y a pas d'étude épidémiologique crédible et documentée prouvant les résultats avancés, » déclarent les auteurs Jean Zigby, Gideon Forman et Éric Notebaert. « Pierpont semble baser ses conclusions sur des études de cas qui ne peuvent, malheureusement, remplacer des études épidémiologiques adéquatement réalisées. Les résultats sont donc loin de faire l'unanimité parmi la communauté scientifique pour des raisons qui nous apparaissent valables et très pertinentes.»
La version complète des mémoires d'Équiterre et de l'ACME, de même que la plupart des mémoires déposés au BAPE sont disponibles en ligne à l'adresse www.bape.gouv.qc.ca, sous la rubrique Mandats en cours: parc éolien de Saint-Valentin.