Des énergies en croissance continue
Nathalie Côté
Collaboration spéciale
La Presse
28 mai 2014--Les énergies renouvelables s'imposent de plus en plus sur la planète. D'ici 2018, elles seront à l'origine du quart de l'électricité mondiale, selon l'Agence internationale de l'énergie. Le Québec explore aussi davantage de nouvelles avenues énergétiques comme les biogaz et les biocarburants.
«L'utilisation des matières résiduelles pour produire de l'énergie prend de plus en plus de place, constate Denis Leclerc, président et chef de la direction d'Écotech Québec, grappe des technologies propres. On met davantage l'accent pour trouver des façons plus performantes de le faire, tant sur le plan économique qu'écologique.»
L'usine de biométhanisation de Rivière-du-Loup, dont la construction vient de commencer, est un bon exemple. Elle traitera annuellement 25 742 tonnes de matières organiques, et les émissions de CO2 seront ainsi réduites de 8900 tonnes. Elle produira 3 millions de litres de biométhane liquéfié par année, qui pourront remplacer le diesel dans le transport lourd. L'usine, dont le coût s'élève à environ 28 millions, devrait être mise en activité en février 2015. D'autres villes, dont Québec, Montréal, Longueuil et Laval, ont également des projets en ce sens.
Réduire les gaz à effet de serre
L'impact environnemental de telles initiatives est prometteur. «La conversion des camions lourds vers le gaz naturel permettrait de réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur des transports, indique Jean-François Samray, PDG de l'Association québécoise de la production d'énergie renouvelable (AQPER). L'ajout de biométhane permettrait de les abaisser encore davantage.» Un camion qui utiliserait uniquement ce carburant les réduirait de 90%!
L'AQPER souhaite l'adoption d'une norme établissant à 1% la teneur en biométhane minimale dans le réseau de distribution. «Cela créerait un marché pour le biogaz à un prix connu, ce qui faciliterait le financement et l'exploitation des installations municipales en développement», explique-t-il.
Intérêt des municipalités
Les villes sont de plus en plus favorables aux infrastructures de production d'énergie renouvelable, selon M. Samray. Non seulement elles veulent les accueillir sur leur territoire, mais elles prennent aussi part au montage financier. «C'est un moyen pour elles d'obtenir un rendement, d'améliorer leur assiette fiscale et de créer des emplois non délocalisables», explique-t-il.
Il cite en exemple les appels d'offres d'Hydro-Québec pour l'énergie éolienne. Le plus récent a été lancé en janvier pour 450 MW. La date limite pour le dépôt des soumissions est le 3 septembre. «Nos membres sont plutôt discrets à ce moment-ci, mais je m'attends à ce qu'il y ait entre 20 et 30 projets proposés, estime M. Samray. Il y a un intérêt marqué de la part des municipalités.»
Des défis
Cela dit, des défis demeurent. Par exemple, d'ici une dizaine d'années, l'industrie éolienne devra amorcer la planification du remplacement de ses premières turbines. «Actuellement, certains pays sont rendus à ce stade, comme le Danemark, l'Allemagne et la Grande-Bretagne, indique M. Samray. C'est une occasion de gagner en expertise pour être prêts lorsque ce moment sera venu chez nous.»
De plus, la commercialisation reste difficile dans le secteur des énergies renouvelables. «Il y a beaucoup d'aide pour la recherche et le développement, mais peu pour la commercialisation, déplore M. Leclerc. Il faudrait un crédit d'impôt pour cela.»
Il juge aussi que l'industrie a besoin de plus de bancs d'essai au Québec, notamment dans les institutions publiques et parapubliques. «Il est plus facile pour les entrepreneurs d'avoir un projet-pilote ici plutôt qu'à l'étranger», souligne M. Leclerc.
Enfin, il croit que la réglementation devrait être allégée. «Dans le cas des certificats d'autorisation, notamment, on devrait prendre exemple sur d'autres régions, comme l'Ontario, estime-t-il. Elles ont adopté des systèmes plus souples, mais aussi bien contrôlés.»
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