Complexe de la rivière Romaine: des réactions partagées, le ministre Béchard répond aux groupes environnementaux
Le premier ministre Jean Charest était notamment sur place, tout comme le ministre des Ressources naturelles et de la Faune Claude Béchard et le président-directeur général d'Hydro-Québec Thierry Vandal. Des chefs de communautés autochtones de la Côte-Nord étaient aussi présents. Le premier ministre Charest a soutenu que le projet de la Romaine s'inscrit dans sa vision de développement hydroélectrique, «une énergie propre et renouvelable qui fait la fierté des Québécois».
Rappelons que le 6 mars dernier, le projet avait été approuvé par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). Ce complexe hydroélectrique de 1 550 MW sur la rivière Romaine va inclure quatre aménagements hydroélectriques dont la construction va se terminer en 2020. Une première mise en service est prévue pour 2014 et le coût total du projet est évalué à 6,5 milliards de dollars.
Il faut dire que le projet est contesté par plusieurs organismes. En avril, le premier député élu du parti politique Québec solidaire, Amir Khadir, a déposé une pétition d'Alliance Romaine. Celle-ci contenait plus de 5500 signatures de personnes qui s'opposent au projet de barrages sur la rivière Romaine et qui sont préoccupées du fait que le Québec harnache l'une des dernières grandes rivières encore vierges du Québec.
D'ailleurs, Anne-Marie Saint-Cerny, directrice de la Fondation Rivières, a déclaré hier dans un communiqué que l'énergie hydroélectrique «coûte plus cher, crée moins d'emplois et les acheteurs la dédaignent au profit d'énergies vertes». «Pourtant, le Québec, possède le plus grand entrepôt d'énergies vertes au monde. Malgré tout, notre gouvernement s'obstine dans un cul-de-sac. Pourquoi?» a-t-elle demandé. La Fondation soutient que la production nationalisée d'électricité éolienne créerait 40% plus d'emplois, laisserait 460 emplois permanents dans la région au lieu de 100 pour les quatre barrages de La Romaine et produirait une électricité moins coûteuse pour les marchés d'exportation.
Le projet est aussi contesté par certains résidents de la réserve amérindienne de Uashat Mani-Utenam, près de Sept-Îles, qui ne veulent pas que des lignes de transport d'électricité passent sur leur territoire. D'ailleurs, l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) a tenu à rappeler mercredi que ce projet est situé en territoire innu. «Un territoire sur lequel il existe toujours un titre aborigène et des droits ancestraux» a déclaré Ghislain Picard, chef de l'APNQL.
Cependant, il faut dire cependant que plusieurs organisations ont applaudi le début officiel des travaux hier, dont la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Le président Michel Arsenault a notamment déclaré que ce projet «ne peut que profiter à l'ensemble du Québec ainsi qu'aux hommes et aux femmes de la Côte-Nord dont l'économie a un urgent besoin d'un coup de fouet». «Dans le contexte actuel, nous ne pouvons négliger l'impact de ce projet pour notre économie, d'autant plus qu'il s'agit d'emplois bien rémunérés, de salaires qui seront investis pour l'achat de biens et services» a-t-il ajouté.
Le président de la FTQ a aussi précisé qu'il respecte l'opinion de ceux qui s'opposent au projet, mais que la FTQ dénonce les propos sans nuances de certains. «Contrairement à ce que d'aucuns prétendent, il est faux d'affirmer que la Romaine est l'une des dernières grandes rivières vierges du Québec» a soutenu Michel Arsenault, en précisant que le Québec « compte plus de 4 500 rivières dont une centaine sont harnachées». «Nous ne pouvons retourner à l'époque où l'on s'éclairait à la chandelle. Le projet de la Romaine est porteur et les garanties données par Hydro-Québec comme quoi ce projet sera développé dans le respect des préoccupations environnementales satisfait la FTQ» a-t-il ajouté.
Par ailleurs, ce jeudi, le ministre des Ressources naturelles Claude Béchard a soutenu que les groupes environnementaux nuisent aux intérêts du Québec dans ce dossier.
Le vendredi 15 mai 2009.
http://environnement.branchez-vous.com/2009/05/quebec_lance_les_travaux_du_co.html